Avril 1902, l'effondrement de l'église de Mervans

16 avril 2019

Le terrible incendie qui vient de frapper la cathédrale Notre-Dame de Paris m'a rappelé que nos aïeux ont eux aussi connu des événements dramatiques affectant le patrimoine religieux. Certes l'ampleur peut paraître moins importante en comparaison avec les images que nous pouvions voir en direct hier soir, mais la perte affective qu'ils ont subie était égale. Parmi ces événements passés, retour sur le terrible effondrement qu'a connu l'église paroissiale de Mervans au début du vingtième siècle.

Dans la nuit du 3 au 4 avril 1902, quelques jours après les fêtes de Pâques, la voûte de l'église Saint-Maurice, bâtie aux treizième et quatorzième siècles, s'effondre dans sa majeure partie. La toiture ne résiste pas à cet effondrement et chute également, provoquant la ruine quasi totale de la nef, du choeur et des deux chapelles latérales. Seul le clocher, dont la flèche a été entièrement restaurée en 1894, n'a subi aucun dommage.

Le Courrier de Saône-et-Loire, dans son édition du 8 avril 1902, indique que l'ensemble du mobilier de l'église (bancs, chaire, tableaux, lustres...) a été totalement détruit dans cet effondrement qui, en ayant eu lieu de nuit, n'a fait aucune victime. Le journal précise également que "Depuis quelques mois surtout, un des murs se fendait, mais au dire de l'architecte, rien ne faisait soupçonner une catastrophe prochaine."

L'événement a également été relaté dans de nombreux autres journaux, au-delà du département. Des cartes postales nous montrent le clocher seul, dont celle-ci :

Une autre nous montre l'église en ruines :

Afin de permettre la poursuite du culte en attendant la reconstruction de l'église, le maire de Mervans a immédiatement mis à disposition du curé la grande salle de la grenette et la halle, sur la place du marché. Faute de moyens suffisants, la nouvelle église dont les plans ont été établis le 28 octobre 1902 par l'architecte mâconnais Authelain, ne peut être immédiatement construite. Une chapelle provisoire est bâtie avec les matériaux de l'église effondrée.

Dans son rapport du 1er décembre 1904, l'architecte donne des précisions sur l'état de l'église suite à son effondrement : "La voûte de l'église s'est subitement effondrée depuis le clocher jusqu'à l'entrée du choeur en entraînant dans sa chute charpente et couverture. Depuis, on a dû faire tomber encore certaines parties qui menaçaient pour pouvoir dégager l'église. Le projet de reconstruction entraine tout d'abord la démolition de ce qui reste de la vieille église en conservant toutefois le clocher qui est intact. [...] L'ancienne église de Mervans était composée d'un clocher en façade formant porche, d'une nef avec choeur, de deux transepts avec chapelles ouvrant sur les transepts et sur le choeur."

L'adjudication de la démolition des vestiges de l'église est prononcée le 5 mars 1905. Avant d'entreprendre la reconstruction, des fouilles archéologiques sont réalisées sur le site, mettant au jour d'intéressantes découvertes décrites par Le Courrier de Saône-et-Loire le 8 octobre 1907 : "Une équipe d'ouvriers, sous la direction de M. Lex, archiviste départemental, et M. Muzeau, maire de Mervans, est occupée à faire des fouilles sur l'ancien emplacement de l'église et du cimetière de Mervans. Jusqu'à maintenant, elle a déjà découvert plusieurs tombeaux des XIIIe, XIVe, XVe et XVIe siècles, dont les pierres tombales présentent un certain intérêt archéologique. Dans l'un de ces tombeaux, il a été trouvé un louis en or de Louis XII, deux demi-écus de François 1er et un écu de Saint-Galles, ces trois dernières pièces en argent."

La reconstruction de la nouvelle église Saint-Maurice de Mervans est très longue. L'édifice ne voit le jour qu'en 1925, il est officiellement inauguré et bénit le dimanche 9 août, comme nous le rapporte Le Courrier de Saône-et-Loire, dans son édition du jeudi 13 août suivant. La nouvelle église est représentée sur cette carte postale, quelques mois après son achèvement :